le contexte

Le contexte

La charia est inapplicable dans nos sociétés évoluées, inapplicable pour des raisons pratiques : comment y respecter les nombreux rites imposés, comment faire ses 5 prières en milieu industriel, où le temps est compté ? comment respecter les interdits alimentaires dans les cantines publiques ? Comment respecter le jeûne du ramadan en travaillant efficacement et en sécurité ? comment respecter la séparation entre les hommes et les femmes, entre le pur et l’impur ? Enfin, la charia ne pose pas le vivre ensemble et la fraternité, quelle que soit l’origine et la religion, comme des principes fondamentaux, et entre donc également en conflit avec les mœurs occidentales sur ce point. Où et quand le croissant rouge est-il intervenu en faveur de non musulmans ? Dans quel pays musulman les minorités vivent-elles sans persécution ni humiliation ? Le membre de la plus belle communauté est éduqué dès son plus jeune âge selon le principe que « Humiliation et dérision doivent être le lot de ceux qui désobéissent à ma parole » (Ibn Qayyim al-Jawziyya). Le coran d’ailleurs précise sa vision du vivre ensemble : « Ne prenez pas pour alliés les Juifs et les Chrétiens; ils sont alliés les uns des autres. Et celui d’entre vous qui les prend pour alliés, devient un des leurs » (5 :51)

La charia est inapplicable aussi pour des raisons psychologiques : l’évolution des mentalités fait que les citoyens occidentaux n’acceptent plus les châtiments inhumains, veulent plus d’égalité, sans esclavage ni sort inférieur réservé aux femmes, et veulent plus de démocratie, pour que le peuple puisse améliorer ses lois.

Il n’est donc pas surprenant que les fidèles se sentent en défaut, ne pouvant appliquer tous les préceptes de cette loi inapplicable et que survienne, à l’occasion d’un événement spirituel (ramadan, prière du vendredi, …) une prise de conscience mystique et un désir de retour vers dieu, certains décident alors de passer à l’acte, soudainement, et non pas « rapidement », mais comme aboutissement d’un processus de recherche du rachat de leurs fautes et de salut de leur âme. Or ce salut, on le lui rabâche depuis l’enfance, le coran le propose, par des actes qui plaisent à dieu : faire le plus de mal possible aux mécréants et immédiatement mourir en « martyr » ([1]) pour s’ouvrir les portes du paradis (Combattez-les. Allah, par vos mains, les châtiera, les couvrira d’ignominie, vous donnera la victoire sur eux et guérira les poitrines d’un peuple croyant (9 :14). Et Ce n’est pas vous qui les avez tués : mais c’est Allah qui les a tués » (8 :17).

La charia étant basée sur un texte datant de 1400 ans, immuable, car écrit par dieu lui-même, l’autre solution au « martyr » est de détruire la société moderne pour se remettre dans les conditions de la révélation de Mohamed, le bon modèle. Tous ces versets que vous jugiez inacceptables ne l’étaient que parceque sortis de leur contexte historique, mais dans ce contexte historique restauré, selon les islamistes, l’imitation de Mohamed deviendrait possible, la charia deviendrait applicable.

Le contexte historique, c’est ce qui se passait à l’époque où le verset a été révélé, et il convient de savoir si le verset serait juste valide pour cette époque, pour cette occasion, et pour un fidèle particulier ou s’il est valable pour tous et dans tous les temps, ce qui devrait être le cas d’un texte « clair et explicite » écrit par dieu lui-même, lorsqu’il ne précise pas de limites. Voila pourquoi les théologiens ont construit ex nihilo tout un édifice pseudo historique des circonstances de la révélation [3]. Et c’est vers ce contexte historique que nous renvoient invariablement les bons esprits lorsque est reporté un verset intolérant. Mais c’est bien toujours le contexte du bon modèle Mohamet à Médine, qu’il faudrait imiter, alors qu’il mettait en place son idéologie de haine de l’autre, d’intolérance, et de guerre de razzias et proclamait « combattez ceux qui ne croient pas en Allah et en ces versets », ce qui n’est pas du tout la même chose que « combattez ceux qui vous attaquent » comme on nous le dit hypocritement.

Le contexte historique n’est pas le seul contexte avec lequel il faut comprendre un texte : le contexte textuel, immédiat, et le contexte littéraire étendu (d’autres passages sur le même sujet) et dans cette analyse il faut tenir compte de la théorie de l’abrogation, qui explique les contradictions internes du coran par le fait que les versets révélés en dernier abrogent les précédents qui seraient contradictoires. Le problème majeur du coran étant que les dernières sourates révélées, dites médinoises sont plus belliqueuses et intolérantes que les précédentes, dits mecquoises, dont les versets sont donc pour la plupart abrogés ! Le problème se complique par le fait que rien n’indique dans le coran qu’une sourate est mecquoise ou médinoise, abrogée ou abrogeante, l’ordre des sourates n’étant pas chronologique, ni thématique d’ailleurs.

Le coran proclame qu’il est « un livre explicite de toutes choses » (16 :89),  « Un Livre dont les versets sont détaillés (et clairement exposés) » (41 :3) et donc quand dieu y dit, dans la dernière sourate révélée : « combattez ceux qui ne croient pas en Allah … » (9 :29) il ne dit pas, contrairement à ce que veulent nous faire croire les takiateurs : « combattez ceux qui vous attaquent » il dit bien clairement ce qu’il dit « combattez ceux qui ne croient pas en Allah » et le contexte textuel immédiat parle de soumettre les mécréants juifs et chrétiens, parcequ’ils ne croient pas en Allah, jusqu’à ce qu’ils payent la jizilla, et après quoi la sourate rapporte les incitations de Mohamed pour partir combattre les mecquois puis les romains. Il n’y a dans ce verset abrogeant ni amour, ni tolérance, ni paix. Comment se fait-il qu’un livre dont les textes sont réputés « très clairs » doivent subitement être « interprété » en prétextant le « hors contexte » lorsqu’on cite une sourate violente ?

Le coran précise aussi qu’on ne peut en soustraire certains versets, pour en privilégier d’autres, car tous sont écrits par dieu et valables pour tous et en tout temps : il faut tout prendre (2). On ne peut moderniser le coran, ce serait reconnaître qu’il n’est pas parfait, qu’il pose problème, on ne peut relativiser l’absolu, et la « contextualisation » vole en éclat : « Croyez-vous donc en une partie du livre et rejetez-vous le reste? Ceux d’entre vous qui agissent de la sorte ne méritent que l’ignominie dans cette vie, et au jour de la résurrection ils seront refoulés au plus dur châtiment » (2 :85)

[1] Encore qu’un martyr est un innocent assassiné au nom de sa foi alors qu’un « martyr » musulman assassine des innocents avant de se suicider

[2] Lire cet interview d’un salafiste dans le courrier du Maghreb en http://lecourrierdumaghrebetdelorient.info/islam/islam-interview-premiere-partie-la-parole-est-aux-salafistes/

et http://lecourrierdumaghrebetdelorient.info/islam/islam-interview-deuxieme-partie-la-parole-est-aux-salafistes/

[3] Cependant la règle qui dit : « Al ‘ibratou bi ‘oumoumil lafdh laa bikhousous as sabab » signifie qu’il faut tenir compte du sens général du texte et non pas de la cause de la révélation en particulier. On ne doit donc pas mettre la cause de la révélation au-dessus de la généralité du texte. On ne peut donc pas prétendre que les versets se limitent à l’époque du prophète car le coran est la parole d’Allah et elle est applicable jusqu’à la fin des temps. De même que la Sounnah est l’explication du coran et il est obligatoire de la suivre. Allah connaît tout, donc sa parole englobe le passé et l’avenir ! (Abou Hammad Sulaiman Dameus Al Hayiti dans https://app.box.com/s/yrm7uarqszu89a4ooqor)

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