dhimmitude

Capitulations d’Umar

Après le jihad et le partage du butin, les vaincus que l’imam a choisit de ne pas exécuter, en vue de sauvegarder les ressources fiscales de la communauté musulmane, sont placés dans un état inférieur, caractérisé par l’avilissement. Ces dhimmis, sont donc « tolérés », comme on tolère un mal, et leur « protection » (mais contre qui au fait ?) acquise au prix d’un impôt spécial, un racket pur et simple, est bien loin du respect humain, car si l’autre devient un mal à tolérer plutôt que quelqu’un à respecter, la tolérance n’est plus que l’habillage du meurtre moral ou physique, qu’il faudra réaliser tôt ou tard, car, si les droits sont inaliénables, la tolérance peut à tout moment être supprimée.

Ceci est le texte des capitulations, jamais abrogées, écrit pour les « gens du livre » par le calife Umar b. al-Khattâb, successeur du prophète :

« Ils [les chrétiens] ne bâtiront pas de nouvelle église, ni de couvents ni de cellules ni d’ermitagesdans leurs villes ou dans les territoires avoisinants. Ils ne renouvelleront pas [ces lieux], de sorte qu’il faut les laisser tomber en ruine ; ils n’empêcheront pas les musulmans [d’utiliser] leurs églises, de telle façon que ceux-ci [les musulmans] puissent y séjourner pendant trois nuits et ils [les chrétiens] leur fourniront la nourriture.
Ils ne donneront pas l’hospitalité à des espions, et ils ne cacheront aux musulmans aucun genre de conspiration [qu’il y ait] contre eux ; ils n’enseigneront pas le Coran à leurs fils ; ils ne manifesteront pas leur associationnisme (shirk) ; ils n’empêcheront pas leurs proches d’embrasser l’Islam, s’ils le désirent.
Ils montreront du respect aux musulmans, et ils se lèveront de leurs sièges quand ceux-ci [les musulmans] voudront s’y asseoir ; ils ne se feront semblablesaux musulmans en rien de ce qui concerne le vêtement, le chapeau, le turban, les sandales et la coiffure ; ils ne prendront ni les noms ni les titres des musulmans.
Ils ne chevaucheront pas sur la selle, ils ne porteront pas d’épée à la ceinture, et ils ne posséderont pas d’autre genre d’armes ; ils n’utiliseront pas les lettres arabes dans leurs sceaux, et ils ne vendront pas de boisson alcoolisées ; ils couperont la partie antérieure de leur chevelure (sur le front), ils garderont partout leur façon de s’habiller, et ils porteront aussi une ceinture (zunnâr) autour de la taille.
Ils n’exhiberont ni leurs croix ni leur livres dans les rues parcourues par les musulmans ; ils n’enterreront pas leurs morts à coté des morts musulmans, ils ne feront sonner leurs cloches que très doucement,ils n’élèveront pas la voix en lisant dans leurs églises, qui sont proches des musulmans.
Ilsne feront pas de tours [en procession], ils n’élèveront pas la voix en accompagnant leurs morts [aux funérailles] et ils n’allumeront pas de feu [des bougies] en faisant cela. Ils n’achèteront pas les esclaves qui ont étés destinés aux musulmans.
Au cas où ils transgresseront une quelconque de ces capitulations (shurût) qui leur sont imposées, ils [les chrétiens]n’auront plus de droit de protection (dhimma), et dans ce cas-là il sera licite aux musulmans de les traiter comme des gens rebelles et séditieux».

Dhimmitude

L’histoire revisitée par les islamistes présente les dhimmis comme bénéficiant uniformément et indéfiniment d’un statut de tolérance particulièrement privilégié, une protection disent-ils.

En fait, la dhimitude est simplement le résultat du jihad, l’oppression par une minorité militaire conquérante sur une société majoritaire pacifique et hautement civilisée. La dhimmitude n’est pas du tout l’état d’une « minorité religieuse protégée ». Les non musulmans étaient majoritaires pendant la plus grande partie de l’islamisation, avant leur disparition par conversion, déportation ou extermination. La dhimitude n’est pas un droit  inaliénable mais une tolérance constamment rachetée, les dhimmis sont soumis à l’humiliation permanente, et on prétend susciter en eux la gratitude d’être toléré, mais pas respecté.

Par le statut de dhimmi, les non-musulmans dans un État musulman, sont privés de la majorité des droits civils et de la totalité des droits politiques.

L’oppression étant écrite dans les textes fondateurs, les périodes d’allègement de l’oppression restent exceptionnelles et non l’inverse comme le présentent les islamistes, qui sans gène maquillent les persécutions en bienfaits : par exemple ils argumentent que le devshrime serait un ascenseur social pour les enfants dhimmis retirés de leur famille, convertis et embrigadés comme janissaire pour finir par persécuter leur propre peuple. En fait le peuple vaincu est  un butin humain dont la descendance est considérée perpétuellement captive, devant racheter le droit de vivre par un impôt spécial et devant livrer une part de ses enfants. Ce n’est pas un bienfait, c’est un crime contre l’humanité, au même titre que les déportations, les exterminations et les viols.

Michel Abitbol, dans Le passé d’une discorde, Juifs et arabes du VIIème siècle à nos jours – Perrin 1999 et 2003, raconte :

« Les relations entre Arabes et Juifs se sont distingués, de tout temps, par leur grande diversité, changeant fréquemment d’aspect suivant un nombre incalculable de facteurs politiques, écologiques, économiques, sociaux et culturels. Cette diversité n’a pas empêché cependant la cristallisation dans l’opinion de deux grandes thèses contradictoires sur les relations entretenues, à travers l’histoire, entre Juifs et Arabes. La première, de nature « catastrophiste » considère ces relations comme une suite ininterrompue d’humiliations, de persécutions et de massacres (…).  La seconde que l’on qualifiera d’« idéaliste » présente les relations entre Juifs et Arabes comme une sorte d’Age d’or sans fin, fondé sur la tolérance religieuse et la symbiose culturelle et qui, en dehors de quelques épisodes malheureux s’est poursuivi jusqu’à l’irrup­tion de l’impérialisme européen au sud de la Méditerranée (…).  Chacune de ces thèses renferme, sans aucun doute, une part certaine de vérité. Les moments de crise ayant été au moins aussi récurrents que les périodes d’épanouissement et de confiance mutuelle, dans les relations judéo-arabes. »

Il relate ces paroles d’ulema marocains en 1836

« Etant donné (..) (qu’il faut) contraindre les dhimmi au respect et à l’humilité tant dans leurs paroles que dans leurs actes, afin qu’ils soient sous le talon de tout musulman; étant donné qu’il faut leur interdire toute licence de ressembler à des musulmans ou à des chrétiens, parce qu’il y aurait là un motif susceptible de faire cesser leur infériorité et leur état d’avilissement… »

C’est en ces termes que « les ‘Ulema’ traditionalistes du Maroc continuent d’invoquer le Pacte d’Omar pour refuser aux Juifs de Fès en 1836 puis en 1898 le droit de construire un hammam dans leur Mellah ou encore la possibilité de se présenter au palais royal – où ils sont venus apporter leur requête – chaussés de babouches, et non pieds nus, comme le veut l’usage religieux. »

Et la réponse du sultan Mawlay ‘Abd al-Rahman au consul de France à Tanger, venu lui demander en 1842 d’améliorer là condition des Juifs de son pays « Les Juifs de notre pays fortuné ont reçu des garanties (mu’ahidun) dont ils bénéficient moyennant l’exécution des conditions imposées par notre loi religieuse aux gens qui jouissent de la protection (dhimma)… Si les Juifs respectent ces conditions, notre loi défend de verser leur sang et ordonne de respecter leurs biens, mais s’ils violent une seule condition, notre loi bénie permet de verser leur sang et de prendre leurs biens. Notre religion glorieuse ne leur attribue que les marques de l’avilissement et de l’abaissement; aussi le seul fait pour un juif d’élever la voix contre un musulman constitue une violation des conditions de la protection. Si chez vous (en France), ils sont vos égaux en tout, s’ils sont assimilés à vous, c’est très bien dans votre pays, mais pas dans le nôtre. »

Il explique encore :

« Avilissement » et « abaissement » sont aussi les termes qui reviennent le plus souvent chez les Imams zaydites du Yémen, qui astreignent les juifs aux travaux de nettoyage des lieux d’aisance ou encore convertissent de force les enfants juifs orphelins de père et de mère. Entrée en vigueur à la fin du XVIIIe siècle, cette mesure, dont l’application s’est poursuivie jusqu’au milieu du XXe siècle (avec néanmoins une interruption due à l’occupation ottomane du Yémen entre 1872 et 1918), est la cause de l’exode de dizaines de familles yéménites à destination d’Aden (sous occupation britannique à partir de 1839), d’Égypte et de la Palestine’. Plus à l’est, la conversion forcée est aussi le lot des 2 000 Juifs de la communauté de Mashad, en Perse, en 1839, à la suite d’un incident banal impliquant un guérisseur juif accusé d’avoir blasphémé l’islam.

Albert Memmi dans « juifs et arabes » raconte :

« La fameuse vie idyllique des Juifs dans les pays arabes, c’est un mythe ! La vérité … est que nous étions d’abord une minorité dans un milieu hostile. Aussi loin que remontent mes souvenirs d’enfant, dans les récits de mon père, de mes grands-parents, de mes tantes et oncles, la cohabitation avec les Arabes n’était pas seulement malaisée, elle était pleine de menaces, périodiquement mises à exécution. Il faut tout de même rapporter ce fait lourd de signification : la situation des juifs pendant la colonisation était plus sûre, parce que plus légalisée. » « Car sur la période qui a précédé la colonisation, la mémoire collective des juifs de Tunisie ne laisse aucun doute. Il suffit de reprendre les quelques récits, les quelques contes qui en restent : c’est une sombre histoire. Les communautés juives vivaient dans les ténèbres de l’histoire, l’arbitraire et la peur, sous des monarques tout-puissants, dont les décisions ne pouvaient être abolie ni même discutées. Tout le monde, direz vous, était soumis à ces monarques, sultans, beys ou deys. Oui, mais les juifs n’étaient pas seulement livrés au monarque, mais à l’homme de la rue. Mon grand-père portait encore des signes vestimentaires distinctifs, et il vivait à une époque où tout passant juif était susceptible de recevoir des coups sur la tête de tout musulman qu’il rencontrait. Cet aimable rituel avait même un nom : la chtaka, et comportait une formule sacramentelle, que j’ai oubliée. Un arabisant français m’a objecté, lors d’une réunion  » En pays d’islam les chrétiens n’étaient pas mieux lotis ». C’est vrai, et alors ? C’est un argument à double tranchant : il signifie en somme que personne, aucun minoritaire, ne vivait en paix et dans la dignité dans un pays à majorité arabe !  »

 » Jamais, je dis bien jamais –  à part peut-être deux ou trois époques très circonstancielles, comme la période andalouse et encore – les juifs n’ont vécu en pays arabes autrement que comme des gens diminués, exposés et périodiquement assommés, massacrés, pour qu’ils se souviennent bien de leur condition. »

« Sous la colonisation donc, la vie des juifs acquiert un certain degré de sécurité, même pour les classes pauvres (…) Ceux là toutefois, restaient des citoyens de seconde zone, soumis de temps en temps à une explosion de colère populaire, que les colonisateurs (…) ne contenaient pas toujours à temps, par indifférence ou par tactique.  J’ai vécu les alertes du ghetto, les portes et les fenêtres qui fermaient, mon père qui arrivait en courant après avoir verrouillé son magasin en hâte parce que des rumeurs sur l’imminence d’un pogrom s’étaient répandues. »

Il ajoute :

 » Après l’indépendance en tout cas la bourgeoisie, une partie notable de la population juive, ont cru qu’elles pouvaient collaborer avec les autorités nouvelles, qu’il était possible de s’entendre avec la population tunisienne. Nous étions des citoyens tunisiens et nous avions décidé de « jouer le jeu ». Mais qu’ont fait les Tunisiens ? Tout comme les marocains et les algériens, ils ont liquidé – avec intelligence et souplesse – leurs communautés juives. Ils ne se sont pas livrés à des brutalités ouvertes comme d’autres pays arabes, (…) mais ils ont étranglé économiquement la population juive. Pour les commerçants c’était facile, il suffisait de ne pas renouveler les patentes, de refuser les licences d’importation, en même temps on avantageait leurs concurrents musulmans. Dans l’administration, ce n’était pas plus compliqué : on n’engageait pas de juifs; ou on mettait les anciens agents dans des difficultés linguistiques insurmontables que l’on n’imposait guère aux musulmans. De temps en temps, on envoyait en prison un ingénieur, ou un grand commis, sur des accusations mystérieuses, kafkaiennes, qui affolaient tous les autres. Sans compter, évidemment, le rôle joué par la proximité relative du conflit israelo-arabe : à chaque crise, à chaque évènement un peu important, la populace déferlait, brûlait les magasins juifs; cela c’est passé encore pendant la guerre du Kippur. Bourguiba n’a probablement jamais été hostile aux juifs ; mais il y avait toujours ce fameux « retard » qui faisait que la police n’arrivait que lorsque les magasins avaient été pillés et brûlés. »

En 1940, le grand vizir marocain El Mokri, explique au ministre des affaires étrangères français : Avant le protectorat, les juifs mettaient une vingtaine d’années pour faire une grosse fortune ; ils en jouissaient dix ans et à ce moment là une petite révolution intervenait qui jetait leur fortune par terre. Les juifs recommençaient et s’enrichissaient à nouveau pendant trente ans pour aboutir finalement à la confiscation de leurs biens excessifs. Maintenant que le protectorat existe, nous craignons que ce rythme trentenaire soit interrompu. Le protectorat dure depuis vingt-huit ans. Il nous reste donc deux ans pour confisquer la fortune des israélites suivant la règle séculaire qui me parait très sage.

Une fatwa prononcée en Arabie Saoudite en 1993 par Cheikh Mannaa K. Al Qubtan, professeur des hautes études à l’Ecole de Chari’a à Riyadh, affirme :

«  L’autorité d’un non-musulman sur  un musulman n’est pas permise selon la parole d’Allah, sourate IV 141 . Dieu tout puissant a conféré aux musulmans le plus haut rang et l’autorité, sourate LXIII,8 »

Dr Saleh al-Sadlan, professeur dans la même école,  ajoute :

«  Que ce soit dans le secteur privé ou public, un infidèle ne peut, dans la mesure du possible, être supérieur à un musulman, parce qu’une telle situation impliquerait l’humiliation du musulman et l’exaltation de l’infidèle. Un infidèle pourrait profiter de sa position pour rabaisser et dominer les Musulmans travaillant sous son autorité. Le conseil que nous donnons au propriétaire de l’entreprise est de craindre Dieu tout-puissant et de ne donner qu’aux Musulmans l’autorité sur les Musulmans. Le commandement islamique enseigne qu’un infidèle ne doit pas être engagé si le Musulman peut employer un Musulman à sa place. Notre conseil à ce propriétaire d’entreprise est de remplacer ce directeur infidèle par un Musulman. »  Al-Muslimoon (hebdo en arabe), vol. 8, n° 418, Riyadh, 5 fév. 1993, cité aussi par Bat ye’or.

Suite aux attentats de novembre, pour Noel 2015, deux milices musulmanes ont prétendu « protéger » les églises chrétiennes de Lens et de Beziers. Personne n’y a trouvé à redire, sauf le maire de Beziers, qui a été unanimement condamné. Plutôt que de dissoudre cette organisation, le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve a même déclaré : « Respect pour les musulmans qui ont protégé les églises pour Noël. Concorde et fraternité dans la République ». Quelle a été la forme et le montant de la djizila ?

Suite : droits de l’homme

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